Bad Feminist. Derrière ce titre ironique, Roxane Gay développe une réflexion révolutionnaire et bienvenue sur l’état actuel du féminisme. Lassée des prises de position parfois trop clivantes de certaines organisations féministes, et fatiguée d’entendre des femmes dire qu’elles ne sont pas féministes, elle rappelle que la défense de l’égalité des sexes ne dispense pas d’assumer ses contradictions : on peut aimer la télé-réalité, se peindre les ongles en rose et revendiquer le fait d’être féministe.
Bad Feminist regroupe ses chroniques initialement publiées dans The Guardian et sur le site The Rumpus. Roxane Gay y parle de culture, de race, de sexe et de genres, de stéréotypes sur l’amitié féminine, en se fondant sur sa propre histoire de femme noire dans l’Amérique contemporaine. Le portrait qui émerge en filigrane est celui d’une femme au regard d’une incroyable justesse, aussi bien sur elle-même que sur notre société. Une société dans laquelle les produits culturels que nous consommons entretiennent bon nombre de stéréotypes qui finissent par nous définir.
Bad Feminist est un essai d’une autrice américaine, originaire d’Haïti. Pour moi, c’est un essai de féminisme intersectionnel.
L’ouvrage regroupe des chroniques sur divers sujets et notamment sur des sujets de pop culture. A travers ces sujets, l’autrice nous parle de la représentation de la femme, de la représentation des minorités et de la représentation des personnes LGBTQ+. L’ouvrage est composé de courts chapitres, pouvant se picorer sans ordre précis. Roxane Gay analyse la culture d’aujourd’hui à travers les yeux d’une femme et à travers les yeux d’une femme issue de minorité. Il est arrivé que nos opinions divergent, mais son analyse reste très intéressante.
J’ai trouvé la première partie, autobiographique, un peu longue. Ensuite, nous arrivons au cœur du livre, avec les chroniques en elle-même. L’autrice nous parle de séries, de groupes musicaux ou encore de films. Elle va développer des réflexions sur l’esclavage, la représentation des personnes noires ou encore la place de la femme. Si certaines références sont bien connues comme Django de Tarentino, parfois, les références m’étaient totalement inconnues. C’est le point négatif du livre, mais dans ces cas-là, je me concentrais sur le fond. J’ai trouvé intéressant d’entendre une voie dissonante. Par exemple, pour la couleur des sentiments (que je n’ai ni lu, ni vu, mais dont j’ai beaucoup entendu parlé), Roxane Gay s’éloigne totalement des critiques que j’ai pu entendre pour pointer les endroits qui posent problème dans la représentation de la femme noire et du sujet. La troisième partie, très intéressante, est consacrée aux femmes et au politique où l’autrice parle du droit d’avortement entre autres.
Quant au titre du livre, c’est un titre très personnel à l’auteure qui a du mal à se retrouver sous cette étiquette. Elle se considère comme mauvaise féministe car elle aime se maquiller ou faire du shopping, entre autres. Bon… . Roxanne Gay nous explique qu’elle n’est pas une bonne féministe à cause de ça, mais qu’elle est féministe tout de même. C’est rafraichissant après tout. Ce n’est pas parce que nous avons des comportements que nous jugeons impropre au féminisme que nous n’appartenons pas à ce mouvement. Par contre, ne vous attendez pas à une définition d’une « vraie » féministe dans ce livre.
Le point positif du livre pour moi a été de pouvoir me confronter à un regard différent des discours que j’entends régulièrement. Roxane Gay remet certaines idées à leur place et dit haut et fort, que non, ce n’est pas normal de représenter un quelqu’un ou un sujet de cette manière.
C’est une bonne lecture qui permet de prendre du recul avec les discours malheureusement majoritaires et de voir nos séries/films avec un nouvel œil.
Lu dans le cadre du Feminibooks Challenge organisé par Les carnets d’Opalyne. Le thème du mois de janvier était « Découvrir une autrice que vous n’aviez jamais lue »
Une amie l’a lu et l’a adoré ; elle me le prêtera bientôt – je suis deuxième sur la liste !
C’est quoi une « vraie » féministe, pour toi ? Comme il n’y a pas un seul féminisme, je suis curieuse =)
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Vaste question! ^^ honnêtement, ça fait peu de temps que je réfléchis sérieusement à la question. Je me dis que s’intéresser à la cause des femmes dans le monde et prendre conscience de la construction des discours que l’on entend régulièrement dans la société pour limiter la place des femmes (ou imposer des comportements aux femmes) est déjà un bon début. J’ai dû mal à me définir comme féministe, car je ne suis pas dans des mouvements particuliers. Mais après tout, faut-il faire partie d’un mouvement féministe? Après concernant tous les mouvements féministes, je ne les ai pas encore tous découvert! Ces derniers temps, j’ai découvert le féminisme intersectionnel avec bell Hooks, qui m’a vraiment ouvert les yeux sur des questions que je ne me posais pas. Et j’ai découvert l’écoféminisme avec Starhawk qui mène une réflexion intéressante sur la société.
Et toi, le féminisme, ça t’inspire quoi? 🙂
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Je pense qu’il y a autant de féminismes qu’il y a de féministes 😉 Chez moi, c’est un mélange de plein de choses et c’est pourquoi je me retrouve surtout dans le mouvement intersectionnel car il regroupe pas mal de sujets. Mais pour être féministe, nul besoin d’être dans un mouvement ! L’idée première est l’égalité entre les femmes et les hommes.
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Oui totalement! C’est fou comme obtenir l’égalité est si difficile! J’aime bien me renseigner sur la construction des discours sur la (théorique) place de la femme. 🙂
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J’aime bien le titre et ce qu’il m’évoque 🙂 J’ai d’ailleurs lu un autre avis plutôt positif, je pense que je vais finir par me laisser tenter. Chouette chronique en tout cas !
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Merci ☺ il est sorti en poche en plus 😊
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Je l’avais feuilleté à sa sortie il y a quelques temps sans franchir le pas de l’emprunter – même si je pense souvent à franchir le pas, particulièrement quand je vois qu’on partage le même point de vue au sujet de La couleur des sentiments ! Après c’est vrai que les autres références ne m’étaient pas toutes évidentes non plus. Mais l’ouvrage avait l’air rafraîchissant 🙂
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Oui c’est une bonne lecture, ça permet de décentraliser son point de vue 😊
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